Interroger le peuple ?
Voilà bien une idée saugrenue !
D’un coup de dés, le Premier ministre grec a propulsé le référendum au sommet de la pile des outils politiques.
Les Grecs ont dit « όχι – non », ce qui est leur droit le plus absolu, et « Tsípras » a entendu « ναί – oui ».
Contre leur volonté, ils s’apprêtent ainsi à boire la ciguë, comme leur ancêtre « Socrate ».
Dix ans plus tôt, la France avait rejeté la Constitution européenne, qu’un indécent tour de passe-passe lui a pourtant fait gober par la suite.
Interroger le peuple !
Voilà bien une idée saugrenue.
Lorsqu’on est boulonné à sa chaise que l’on n’a absolument aucune intention de quitter sauf révolution, c’est-à-dire violente mise à la porte, tous les moyens sont bons, y compris faire le contraire de ce que l’on dit, ou dire le contraire de ce que l’on fait.
Nous sortons à peine de la célébration du 14 juillet 1789 ou 1790, jours qui marquent, sans aucun doute, la transmission au peuple du pouvoir absolu du roi.
Depuis lors, le peuple est, dit-on, « souverain ».
Qu’avons-nous fait de cette souveraineté ?
Rien…ou à peu près !
Tous les cinq ans, nous sommes amenés à glisser un bulletin dans une urne, vase aussitôt refermé jusqu’au lustre suivant.
L’élu considère alors qu’il a reçu mission de mettre en chantier et de faire passer toutes les promesses qu’il a eu parfois le courage et souvent l’imprudence d’aligner pendant sa campagne.
Et le peuple est prié de se taire.
On nous rebat les oreilles avec les « valeurs de la République ».
Mais, tonnerre, la première de ces valeurs, ce n’est pas l’égalitarisme forcené, pas davantage le laïcisme omniprésent ou le mondialisme triomphant.
Cette valeur cardinale, qui transcende toutes les autres, c’est demander au peuple son avis sur les sujets importants qui le concernent directement.
Ainsi que son corollaire sans lequel cette valeur est nulle :
Ecouter la réponse et prendre les décisions politiques en conséquence.
C’est cela, l’esprit du 14 juillet.
Tout le reste, c’est du pipeau, de la poudre aux yeux, des simagrées, des gesticulations.
Qu’a-t-on fait de cette valeur de vérité, la seule qui vaille en démocratie ? Escamotée !
Comme la poussière sous le tapis.
Le champ actuel du référendum est juridiquement limité :
Les questions « sociétales » n’en font pas partie.
Quant à la procédure de mise en œuvre, elle est cadenassée.
Et pourtant !
En vertu de quoi le peuple n’a-t-il pas eu le droit de s’exprimer sur le mariage homo ou sur la peine de mort ?
Doit-il être muet, ou muselé, sur la location d’utérus, le commerce des bébés, la politique d’immigration, la fin de vie ?
Je rêve d’un référendum où l’on demanderait aux Français :
« Voulez-vous que le champ du référendum soit élargi à toutes les questions qui vous concernent ? »
Monsieur Hollande, vous qui vous dites audacieux…
chiche !
Yannik Chauvin
http://www.bvoltaire.fr/ du 21/07/2015